samedi, février 18, 2006

6 - REPRISE

Alors voilà, j'ai fait mes petites recherches sur le net et j'ai maintenant une ou deux photos et deux liens très intéressants à visiter et qui ont trait à Catherine II de Russie, ou plutôt (et puisqu'elle-même à fait l'effort de maîtriser une langue, qu'au moins l'hommage qu'on lui doit, le reprenne) à Iekatarina.
Nous connaissions vaguement l'histoire de cette petite princesse allemande, obscure assez, perdue dans cet immense empire, plus ou moins bien acceuillie, et pour dire le vrai, plutôt moins. Je me souviens avoir vu un téléfilm. Ce genre de fiction-réalité qui retraçait les grands personnages de l'histoire. J'aimais assez en fait ces épisodes. Je me souviens ainsi de Catherine de Médicis, d'Henri II et de ses mignons (et j'avoue que déja à ce jeune âge, cette "complicité" virile m'émeuvait et que je n'étais pas insensible au charme de cet Henri là......enfin, je parle bien évidemment de l'acteur qui l'incarnait : mon goût pour les antiquités ne touchant pas non plus les frontières d'une folle indécence !), de Richelieu ou Louis XV.......et donc de Catherine, ou Sophie ! Vous souvenez-vous des séries que j'évoque ? Dont souvent les acteurs étaient comédiens, sans doute, à la Comédie Française, à en juger sur leur jeu plein d'emphase et de grandiloquence. Bref, tout cela avait un charme gentiment désuet, et mon appêtit pour l'Histoire s'en est trouvé renforcé. Quoiqu'il en soit, j'avais un souvenir nébuleux de ce grand personnage. Et je dois dire que cette exposition nous l'a rendu beaucoup plus présente. Et étrangement, incroyablement "moderne". Une femme dont, tous quatre, nous sommes sentis attachés. Il est des personnes, voire quelques personnages, pour lesquels on éprouve un élan de sympathie et plus encore, une sorte d'affection tendre et lointaine, mais certainement pas distante. Une sorte de mouvement du coeur, irraisonné et totalement confiant, sans aucune réserve. Eh bien, voilà, c'est cela que nous avons ressenti. Devant ce personnage si proche, par ses appêtits de quelque nature qu'ils fussent, si convivial et simple. Réfléchi, épris de Lumière, ces fameuses lumières du XVIII°, qui ont éblouies un temps les cours et les esprits européens, pour finalement accoucher des plus opaques ténèbres. Mais également un Monarque au pouvoir impérieux, qui a su faire de ce géant languissant une puissance de son époque. Une esthète, parmi les plus "enragées", et ainsi qu'elle le disait elle-même "glouton". Et c'est sans doute en raison de cette diversité, de sa détermination, qu'elle a su démontrer dès son arrivée en Russie, de ce caractère ferme et autoritaire, mais aussi de sa sensibilité, de ses "travers" si humain qu'est né ce soudain attrait. Eprise d'art, d'esprit, travailleuse infatigable, mais aussi femme de tête, au caractère plus que trempé, aux passions si slaves, une vraie femme moderne vous dis-je. Une working girl avant l'heure, une suffragette en carosse doré.
Bien sûr, le système demeurait féodal encore, les serfs mouraient sur les terres de potentats locaux. Quelle nation de cette époque, et même de nos jours, pouvait se targuer d'éradiquer la misère, l'injustice et de faire régner sur son territoire les félicités d'un paradis terrestre ? Reste que le personnage est saisissant et que cela faisait tout l'intérêt de cette exposition. Enfin TOUT, non pas vraiment. Certains des objets présentés, et en particulier je pense à certaines tabatières, étaient d'un luxe inouï. D'une facture et d'une finesse irréprochable. Des réalisations au-delà de tout qualificatif. Pour certains, et j'en suis, le côté tapageur du fameux carrosse laisse de marbre. Le travail reste des plus impressionnant, mais ce foisonnement de décors, de dorures, de pampilles me laisse tiède, ces guirlandes courant le long des portières, enserrant les ressorts, bouh pouah beurk. Enfin, pour vous donner un aperçu, voici les règles qu'elle avait édictées et qui étaient en vigueur dans son ermitage :

"Les Ermitages de Catherine…Saviez-vous que le mot Ermitage désignait au temps de Catherine la Grande les réceptions privées que donnait l’impératrice dans ses appartements du palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg? Elle avait elle-même rédigé les règles de bienséance de ce qui ressemblait fort à un Salon des Lumières. Ses invités devaient les respecter… sous peine de gage et même d’exclusion! À sa mort, dans les nouveaux bâtiments qu’elle ajouta au palais d’Hiver, elle laissa près de 4000 tableaux, 38 000 livres, environ 10 000 dessins et autant de gemmes anciennes, sans compter d’innombrables estampes, un théâtre construit par Quarenghi, une réplique exacte des Loges de Raphaël qu’elle adorait et un cabinet d’histoire naturelle.

RÈGLEMENTS AUXQUELS DEVRONT SE SOUMETTRE CEUX QUI ENTRERONT CÉANS
1.
Ils laisseront leurs dignités à la porte. Ainsi que leurs chapeaux et leurs épées.

2.
Ils laisseront aussi à la porte leurs préséances et leur morgue ainsi que tout autre chose semblable pouvant en découler.
3. Ils seront gais sans pétulance; ils auront soin de ne rien briser, de ne rien endommager et ils s’abstiendront de mordre quoi que ce puisse être.
4. Ils s’assiéront, resteront debout ou marcheront à leur guise sans se soucier des autres.
5. Ils s’exprimeront avec mesure et sans parler trop fort afin de ne pas donner mal aux oreilles ou à la tête à ceux qui les écoutent.
6. Ils discuteront sans colère ni passion.
7. Ils ne soupireront ni ne bâilleront, de peur de communiquer leur ennui à la compagnie.
8. Ils accepteront de participer à tout divertissement innocent proposé par les autres.
9. À table, on mangera comme on voudra et ce qu’on voudra, mais on boira avec mesure afin que chacun puisse retrouver ses jambes pour retourner chez soi.
10. Toute dispute devra rester à l’abri des indiscrets; et ce qui entrera dans une oreille devra sortir par l’autre avant de quitter les lieux.


Quiconque enfreindra les règlements ci-dessus et sera, sur déposition de deux témoins, reconnu coupable d’un délit devra boire un verre d’eau glacée – Les femmes n’étant pas exemptées – Et lire à voix haute une page de la Telemachida.

Quiconque enfreindra trois règlements dans une même soirée sera condamné à apprendre par cœur trois vers de la Telemachida.
Quiconque enfreindra le dixième règlement ne sera plus autorisé à entrer céans.


Edifiant non ! Et même frappé au coin du bon sens, teinté d'une bonne dose d'humour. Certaines personnes seraient bien de s'en inspirer, ne trouvez-vous pas ?

Si vous souhaitez en savoir davantage, visiter le site chez.com/francegelbertraconte/catherine.html