samedi, février 17, 2007

132 - A CHACUN SON ANAPURNA

Alors voilà, la tempête s'est achevée hier. Sauf pour l'Est du Québec et les Maritimes où elle s'est poursuivie pour une journée encore. ........Ok, ça ne vous dit rien comme ça. Alors voici le CANADA et vous situerez mieux la géographie canadienne. Pis je vais mettre le site de l'Atlas du Canada dans la rubrique LIENS. Un site très bien fait où l'on apprend toutes sortes de choses intéressantes, comme..........la couverture de glace de mer par exemple !

Mais revenons en à nos moutons montréalais. Alors voilà, c'est le temps du déneigement. Sport, je ne dirais pas favori parce que là je conçois quelques doutes, le plus fréquenté en cette saison. L'accessoire de mode le plus couru ? La pelle à neige. Il en existe de toutes matières et dimensions. Et il n'est pas un jour que l'on ne voye un automobiliste pelleter pour dégager sa voiture, un habitant râcler la neige devant sa porte. Certains poussent jusqu'à déneiger le trottoir sur la longueur de leur propriété. Ce qui est sans doute un geste civique, mais que pour ma part, je n'approuve pas vraiment. Les chenillettes passent suffisamment souvent pour dégager, et au surplus, marcher sur cette neige dammée est vraiment agréable et contribue accentuer le sentiment d'hiver. Le seul cas ou je peux remercier ces hônnetes citoyens, c'est lorsque un coup de froid gèle cette neige damée. Elle se transforme alors en véritable patinoire et il devient bien agréable de rencontrer sur son passage, ces petits moments de répît où le pas se fait alors plus assuré et où l'on peut se montrer moins "attentif".
Quoiqu'il en soit, il a tombé une quarantaine de centimètres, ainsi que les prévisions météorologiques l'avait annoncé. Le paysage semble assurément bien différent. Je pourrais faire de la littérature, et tenter de vous décrire les sensations, les sentiments que l'on peut éprouver dans ces poudreries, lorsque le vent se met à hurler, qu'il redessine, à l'instar de son cousin du désert, les paysages de neige. Mais je crains que mes mots, et même les photos ne seraient pas capables de rendre correctement ces émois. Pour ma part, j'éprouve beaucoup de plaisir et une joie presque enfantine, à courir dans la neige, manquer trébucher et m'aplatir dans cette couche duveteuse me remplit d'excitation. M'enfoncer jusqu'au genoux, environné d'arbres, dans une sorte de forêt urbaine me transporte d'allégresse. Le froid s'apprivoise bien plus façilement qu'on ne le croie. Même si les températures chutent à l'extreme (-36° avant hier), il ne sert à rien de superposer les couches. Effectivement, pour un séjour prolongé dans le froid, c'est préférable. Mais franchement, le trajet nous prend environ 40 minutes a pied. Pour ce laps de temps mon équipement est : un t-shirt ( par contre j'ai redécouvert les bienfaits des anciens tricots de peau !), une chemise, une écharpe qui couvre à moitié mon visage par jours de vent, ma doudoune, une paire de chaussure de randonnée en gore-tex et à semelle crantée molle, un pantalon (les jeans : à éviter. Le tissage du tissu ne suffit pas à protéger efficacement du vent), une paire de gants (de préference, des mouffles, bien plus efficaces !), et un bonnet ou un cache-oreilles. Mais déja qu'avec le bonnet j'ai l'air d'un fou furieux, l"image de Marie-Anne Chazel dans les Bronzés font du ski, me dissuade d'utiliser un de ces accessoires "canichesque". And that's it ! Pas besoin de plus. Et croyez-moi c'est confortable comme ça. Seul inconvénient, c'est que par ces froids intenses, les écoulements lacrymaux et nasaux s'intensifient. Et il devient parfois pénible, voire douloureux, d'exposer ses doigts pour se moucher. Le froid glace en environ 20 secondes. En tout cas, c'est mon délai. Au bout de 20 secondes, je ne sens plus que la douleur au bout de mes doigts, et il me faut le reste du trajet jusqu,à la maison pour les sentir se réchauffer. Comme de toute façcon, avec le vent de face, il faudra se remoucher dans 10 minutes, on apprend à se moucher à l'esquimaude : on pince une narine et on expulse fortement par l'autre. On alterne ensuite. Vous allez me dire : "Mais pourquoi ne pas te moucher en conservant tes gants ?" Oui, pourquoi ? Tout simplement, parce qu'à un moment ou un autre, un peu de ce fluide finira sur les gants. Lequel fluide gèlera et mes gants deviendront tout durs ! Mais bon, ces extrémités ne se produisent que rarement. Seulement lorsqu'on passe la barre des -25° ! Agréable aussi, dans le sens où cela fait naître une sorte de sens du "trop" difficile à exprimer, de sentir le vent de face, lorsque l'on remonte la rue Papineau en général, mais à chaque fois que l'on prend une direction Nord en fait. Il est alors, engouffré dans ces larges avenues, concentré et puissant. Il fouette le visage, fait se cristalliser la buée, les larmes. On sent la peau qui tire tout à coup, on est mitraillé de flocons. Et baisser la tête ne sert de rien. On a le sentiment de devoir lutter contre une force colossale. Arriver à la maison, sentir la chaleur du foyer (attention au faux-frère!), ressemble à une victoire. Petite et sans grande conséquence, car à nul moment nous n'avons été "menacés", la ville est là partout et se réfugier dans le premier magasin venu est façile, mais il n'empêche. Je me prends à rêver d'expedition, l'envie de me mesurer un peu à des conditions plus difficiles. Même si je suis parfaitement conscient que ce n'est que du fantasme. 40 minutes de marche dans une ville d'hiver n'est en rien épreuves, comme celle qui se courre en ce moment : le tour de la Gaspésie en ski de fond (Et à propos de Gaspésie, un tour içi s'impose!). Soit 1200 kilométres, exposé aux rigueurs de l'Est et à la proximité du cercle polaire. Ça là, oui ce doit être de l'aventure. La vraie, celle avec un grand "A", et je sais bien que je n'ai ni la condition, ni surtout le courage de l'entreprendre. Me reste alors mon Anapurna à moi, au coeur de Montréal.