mercredi, juin 20, 2007

179 - RICKIE LEE JONES

Découvrir YouTube est un voyage dans le passé. Un retour sur soi, son histoire. C'est rentrer chez soi aprés un voyage. Parfois long, parfois cahotique, souvent enrichissant, émouvant, attachant, drôle et triste aussi. Un voyage dont les jalons ont été des mélodies, des élans du coeur, des adhésions sans réserve, sans raison non plus, à une voix, un artiste, des paroles qui étaient nous à ce moment là. Un commentaire de Panama a ouvert la porte à une reflexion. Le premier des bilans de mon aprés 40 ans.
Ponctuellement, au gré de mes envies, de mes re-découvertes, je vous emmène revisiter mon musée personnel. Je vais essayer d'être le plus transparent possible, encore que.... Je vais essayer d'être le plus compréhensible possible, même si....Je vous invite à une chasse au trésor. Ce souvenir d'enfance que nous avons sans doute tous en commun. Je regrette de devoir dire "je" et j'aimerais que Daniel lui aussi prenne le clavier pour vous faire parcourir ses sentiers à lui. Mais, disons qu'il est mal à l'aise avec des touches. Il ne nous reste qu'à respecter son choix. A le regretter aussi.
Premier indice :
Rickie Lee Jones. LE premier coup de coeur musical. Avant même de frapper mes oreilles, elle a résonné en moi. Je devais avoir une douzaine d'années, je n'en suis pas sûr. C'était un soir. Nous n'avions pas le droit à l'époque de regarder la télévision aprés "Bonne Nuit les Petits". Mais comme souvent, ma soeur et moi bravions le danger d'une maman-cerbère, et tapis derrière les hautes bergères du salon, nous nous émerveillions de ces drôles de personnes en noir et blanc qui s'agitaient dans une toute petite boîte. Ce fameux soir, je ne parvenais pas à dormir. Déja. Mes parents regardaient "Le Grand Echiquier". Ah, la voix de Jacques Chancel. Ce drôle de phrasé, ces phrases hachées d'apnée. Rébarbatif le gars. Déja blanc de cheveu. Un vieux. Mais dans cette émission de vieux une voix stridente, fraîche et surette. Aigre et douce comme un Malossol. Aigûe à percer le thorax, à s'enfoncer plus profondément, à atteindre le coeur et encore au-delà pour s'en aller se ficher au plus intime de soi. Cette voix, j'en suis tombé non pas amoureux ou charmé, mais envoûté. Dans ces longues envolées tristes, ces mélopées sombres et épaisses de douleurs, moi je ressentais la légèreté folle et fantasque d'une lumière cachée. Fasciné. Il m'a fallu longtemps avant de pouvoir rassembler l'argent pour l'achat d'un album. Plus longtemps encore pour en dénicher un, n'importe lequel. Pas très populaire dans les bacs des disquaires grassois la Rickie. Je ne l'ai jamais oublié, et j'ai finalement pu m'acheter MON tout premier LP en 1984. "Girl at her volcano" comprenant le Aouhhhhh "My funny valentine" enregistré à "The Roxy" L.A. et aussi "Rainbow sleeves" "So Long" et tous les autres titres. Je n'ai plus de platine, mais j'ai encore ce vinyl. Le voir m'enchante, me rassure, fait naître un étrange sentiment d'oxygène et de liberté. Une pochette en deux parties (à l'époque ok, la préservation des ressources naturelles n'était pas vraiment dans les préoccupations majeurs. Mea Culpa) noires, et ce magnifique dessin de RLJ soi-même, la premiére toile que je lui connaisse, bien avant la phase mexicaine des "Flying Cowboys". Cette lumière éclatante irradiant d'une fenêtre et illuminant cette piéce noire, sombre et étouffante qu'est la pochette. Comment voulez-vous que je ne succombe pas ? Après bien sûr, il y a eu les démons obscènes de l'acide et de son cousin Éthyl. Des descentes et des remontées fulgurantes. Des albums lourds, difficiles, je dirais presque desespéré et pourtant tellement beaux. Des paroles si touchantes si belles dans leur noirceur. Et toujours, toujours cette fraîcheur de voix. Aujourd'hui RLJ est une femme de 53 ans, en paraissant facilement 60 et plus, mais je la trouve toujours aussi belle envoutante et captivante. Une artiste vraie qui a su rester fidèle à elle-même et à ses ombres mais toujours a su transmettre l'espoir d'une beauté à découvrir. D'un jour encore à être etonné. Et recommencer demain encore et le jour suivant jusqu'à ce que tous les cowboys s'envolent enfin.
RLJ a été à l'origine d'une autre rencontre, et pas des moindres. Bien des années plus tard, j'ai acheté un album de Melissa Etheridge sans même la connaître. Simplement, la jacquette montrait une femme de dos, de longs cheveux lui tombant sur les reins. Je n'ai pas vu le nom de l'artiste sur la tranche. Tellement cette silhouette me semblait familière. J'ai cru que je tenais le dernier album de RLJ. Je m'étais trompé.....je ne l'ai jamais regretté. Une autre femme a univers de la chanson américaine.
Les albums de RLJ n'avait qu'un défaut. La plupart ne contenait pas les paroles des chansons. Et mon oreille anglaise était alors bien peu ouverte. Je ne suis pas sûr qu'elle soit plus attentive aujourd'hui, mais bon. C'est mon bon Dédé qui me les a refilé dans les années 89-90 (Ouille mon Dédé, ça fait bientôt 20 ans qu'on se connait ! Aye aye aye). Toute une rencontre là aussi. Ma Vévette et mon Dédé. Finis de payer tes impôts et viens nous voir !!! Vous nous manquez, OUIN OUIN SNIF SNIF.
Le morceau que vous avez entendu n'ai pas mon préféré. Mais il présente l'avantage de vous faire pénetrer dans l'univers de la Rickie. Un peu flyé, un peu approximatif, un peu utopiste, mais un univers en soi.
Ma chanson préférée ? Hmm, voyons voir. Laissez moi réfléchir.......je vous le dirai demain en intégrant le scan de la pochette de "Girl at her volcano" ......."We belong together" peut-être. Encore que......