dimanche, octobre 14, 2007

206 - ILS NE L'ONT PAS FAIT

Ben non, il n'ont pas pris leur revanche sur les perfides rejetons de l'altière Albion. Je devrais sans doute les remercier ! Grâce à leur défaite, je vais conserver les quelques cheveux qui me restent. Mais je doute que cela leur soit d'un grand réconfort. A dire le vrai, je pense même qu'ils s'en cognent le coquillard ! Et moi avec eux. J'aurais préféré devenir Yul à défaut de Sébastien (Chabal bien sûr) et qu'ils leur mettent la pâtée à ces ennemis héréditaires qui nous courent sur l'Europe taillée à leur mesure !
Je veux les remercier tout de même ces gaillards phénoménaux qui savent inventer des solutions que personne avant eux n'avaient envisagé. Ils ont ce génie invraisemblable de vaincre acculés au mur. Ils sont bons, mieux que cela même, dans l'adversité, mais il faut le reconnaître, ils sont nuls, favoris ! Cela a toujours été. Oui, ils sont bien des coqs, heureux, chantant et optimiste les deux pieds dans la merde. Sitôt sorti de son tas de fumier, l'orgueilleux se tait et courbe la crête.
Quelqu'un m'a demandé "Pourquoi donc tu aimes tant le Rugby ? C'est violent, brutal et barbare. Et vu ton gabarit......" Eh oui, pourquoi donc ? Pas seulement à cause de joueurs, ces montagnes d'hommes à la beauté brute et sauvage. Même si..... . Tout simplement parce qu'en mes jeunes années, je n'aimais pas le foot. Et pourquoi n'aimais-je pas le foot ? Ben là...... Flash-back.......
Vers ses 11 ans, quelques années avant, quelques années aprés aussi, le jeune Maurice est un soliltaire. Il n'aime pas la compagnie de ses petits camarades de classe. Ils les trouvent bêtes, primaires, idiots et carrément crétins. Aucun intérêt. Le jeune Maurice préfère de loin la compagnie des grands, ou mieux encore, celle des arbres et des étoiles. Non pas les aieux ! Les miens, les survivants du moins, ont superbement ignoré l'infâme petite crotte que je leur paraissais être. Comme il était d'usage dans ces familles là que l'on considére l'enfance, quand bien même, ces enfants étaient destinés à devenir les réceptacles de leurs héritages. Je m'étais déja, à l'époque, forgé certaines idées qui sont de mes valeurs d'aujourd'hui. Parmi celles-là, la fidelité en amitié, mais la conscience également que ces amitiés là sont rares. Les relations sociales ne me paraissant donc qu'illusoires et inutiles, je n'étais pas parmi les gars les plus populaires et cela me convenait parfaitement ! Or, il fallait que je frotte à ces sombres crétins aux pieds puants et à l'humour dévasté de conneries au moins une fois par semaine sur les terrains de basket ou de foot en l'honneur de notre heure de sport. J'aimais la gym, beaucoup moins les ambiances de vestiaire. J'aimais la gymnastique au sol, j'aimais l'athlétisme car je n'étais pas taillé pour ces disciplines et que cela me demandait de sérieux efforts pour me mettre au niveau. Mais surtout parce que j'avais ainsi légitimité à être seul. J'aimais cette compétition de moi à moi. Les autres, je m'en foutais. Ils étaient meilleurs ? Grand bien leur fasse ! Ils étaient moins bons, leur probléme pas le mien ! Et surtout, j'aimais voir dans l'oeil de mon prof de gym le respect qu'il s'interdisait de me dire, mais qu'il manifestait, de mon travail acharné. Parmi les petits privilèges qu'il m'octroyait, la grande liberté de faire des haies lorsque les autres fasaient foot ou basket. Je ne manquais pas aux équipes et elles me le rendaient bien. On m'a reproché d'avoir peur du ballon. Pas vraiment. Je redoutais bien plus l'imbécile heureux qui d'un coup de pied volontaire m'allumait la gueule. Et ça les faisait rire. Donc, sitôt qu'une "action" se dirigeait vers ma zone du terrain, je faisais en sorte de regarder ailleurs. Ces "digressions" étaient parfois sanctionnées d'un but, lequel haussait le mépris de ceux-là à mon encontre. Et tant mieux. On a donc commencé à me donner des noms d'oiseaux, ......de piège à souris aussi. Je n'ai pas l'âme bagarreuse. Enfin...je contrôle assez bien. Sauf quand je pète les plombs. Les circonstances, le nombre n'est plus vraiment un obstacle quand je rentre dans mes nerfs. Je n'y fais tout simplement plus attention. Les parties se terminant souvent en pugilat, mon prof me donnait donc le droit de faire un peu ce que je voulais pendant que les autres tapaient dans la ba-balle. C'est ce faisant que j'ai remarqué ce drôle de jeu, à l'autre bout du stade. Ces étonnants rassemblement de joueurs, ces percées, ces placages. Je me suis progressivement rapproché. Les joueurs avaient sensiblement le même âge que moi, mais ils me faisaient deux fois au moins. De fil en aiguille, sans doute amusés de mon assiduité à les regarder, sans doute amusés aussi à l'idée de notre différence de corpulence, on m'a demandé si j'aimerais essayé de jouer avec eux. Pourquoi non ? Là, j'ai immédiatement aimé. Pas seulement le jeu, ça c'est viscéral, difficile à décrire. Quand tu as le ballon, que tu dois passer la ligne des avants pour aller marquer entre les poteaux, il faut bien que tu fonces, il faut bien que tu attaques, que tu pousses. Tu sais que tu vas avoir besoin de tes camarades, que seul tu n'y arriveras peut-être pas. Quand tu es regroupé en mêlée ou en maul, qu'il faut que tu pousses pour gagner du terrain, centimètres par centimètres, tu as le sens, le goût et la perception de ton travail de ton effort. C'est excitant en maudit ! Alors oui, c'est un combat. Mais il est digne. Ces gars-là, malgré qu'ils m'ont moqué aux premiers temps, m'ont fait une place dans leur équipe. Ils ont vu qu'elle était ma determination, ils ont compris ou non, ce qui me poussait, et cela a suffi pour qu'il m'accorde leur respect, et tant pis si je n'avais pas la corpulence requise, tant pis si j'étais un peu introverti, encore qu'avec eux je l'étais beaucoup moins, j'avais gagné ma place parmi eux et j'étais des leurs.
Bien des années plus tard, sortant de mon service militaire, j'ai travaillé comme barman dans un bar de Grasse. Le reste de l'équipe était constituée d'un nombre appréciable des joueurs de Rugby de l'équipe fanion de Grasse : Philippe, Bato, Serpi, Titi, René. Zé. C'est ainsi que l'on s'interpellait. Hé Zé ! Et ce Zé là savait que c'était à lui qu'on s'adressait. Nous ne nous connaissions pas vraiment, hormis Philippe dont la mère était ma fleuriste attitrée. Mais le récit de mes aventures rugbesques anciennes nous ont rapprochées. Au point que nous avons connu deux saisons de troisième mi-temps. René a été le premier d'entre eux à savoir mon homosexualité pour l'amour que j'avais de lui. Ce beau corse au regard ténébreux a longuement, patiemment et sagement écouté mon discours vaseux et embrumé d'alcool (ben oui !.......Une idée vient de me traverser l'esprit qui me fait soudain dire que peut-être l'alcool me rend amoureux !). A la fin, il a mis une main sur mon épaule et m'a dit dans un sourire : je te remercie. Ni plus, ni moins. Aux autres enfin, un soir de sortie, j'ai avoué que draguer les nanas à Cannes n'était pas ma tasse de thé. "on te trouvera des gars". Aussi simple que ça. Dans ce sport jouent des hommes. Et on attend d'eux qu'ils se comportent ainsi. Ce qui veut dire, se comporter avec honneur, respect et sincérité. Rien à voir avec qui tu b..... . Le Rugby est un sport d'équipe, qui se joue dans le respect de soi, des ses coéquipiers et de ses adversaires, dans l'honneur. Vainqueur, on honore le vaincu, on l'invite, on partage avec lui la troisième mi-temps, celle de tous les débordements, mais celle qui rassemble, qui empêche la jalousie, la rancoeur de venir pourrir l'esprit de ce sport. C'est un sport d'équipe. Contrairement au foot, où l'équipe ne fait que servir de faire-valoir aux prétentions personnelles. Un sport d'honneur, contrairement au foot, ce sport de tapettes ! Alors voilà pourquoi j'aime ce sport et les gars qui le jouent : ils m'ont fait une place. Au lieu de mettre l'accent sur ce qui nous séparait, ils ont vu ce qui apporterait à l'équipe. Dans le jeu et dans la vie. Je suis de leur équipe.

2 Comments:

Blogger Panama The Great said...

Ouais ben ils sont cons surtout.

Grâce à eux, on a eu un instant la possibilité de voir disparaître les foutbabaleurs définitivement de nos petits écrans et des conversations de déjeuner.

Z'ont tout gâché en perdant. Je leur en veux.

Dis donc Momo, tu l'as réalisé ton phantasme avec un rugbyman ?

2:42 p.m.  
Blogger ARTHE said...

Minute Cocotte. Pas touche et pas de commentaires déplacés, hein sinon tartagueule à la récré !!!
Quand à mon "fantasme" qui te dit qu'il concerne UN rugbyman. Hein ? 1 ? Je garde mon mystère. Na !!!

11:42 a.m.  

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