jeudi, mars 22, 2007

144- SUITE DU PRECEDENT....BEN LÀ

Nous en étions à la francophonie. À noter que nous n'avons entendu le fameux chiffre, énoncé dans le précedent billet ( à savoir 200 000 000 de francophones ), qu'hier soir à TV5 Monde. Mmmmmmouais, pas fort TV5 !!
Je posais donc la question : oui, mais quelle francophonie ? Et de gausser les néo alphabet fphonétique (je sais, vous allez dire : "Ouais, é même pas cap de taper correctement. Ouais, ça s'écrit même pas comme ça "faunétic". Oui et alors ? A chacun sa francophonie, la mienne valant bien une autre !! Pis comme ça, je prouve que le français, même en perte de vitesse reste une langue VIVANTE !! Pis, m'semble qu'à une époque, on mettait des "s" ou des "f" un peu partout......ce qui nous vaut aujourd'hui nos "^") visé dans les lexiques "faunétiques" vinicoles (?).
Et pourtant, avant d'aller moquer l'approximation des autres, ne serait-il pas salutaire de se pencher (pas trop s'il vous plaît...........ça peut mordre !) sur nos propres aberrations ? Je passe celles des québecois, ils ne parlent pas français ! Et c'est pas la peine de piailler les filles, pis les gars, ne soyons pas sexistes ! (surtout pas nous) même que BOISCLAIR le dit, lui qui veut et martèle qu'il faut redonner un élan à l'éducation du français, et parler un français correct, pis c'est ça qu' j'dis, pis c'est ça qu' j'f'ra ! (Dixit Dédé au coin du Clair Bois dans "Mesdames, messieurs, posez-vos questions ! Hey, j'sais ben, j'a r'gardé l'émission !) Au surplus, ce qui me conforte dans cette opinion, c'est les mots d'un gamin tout rigolo qui disait à sa grand-mère : "J'parle pas français, moé, j'parle québecois !" Ah, hein ? Qu'est-ce que je disais ? Mais bon, soyons chauvins et rions de nous autres franco-français. Car en ce qui concerne le bon parler, je vous engage à vous rendre sur le langage TEXTO, une source d'enrichissement, nous pauvres oasis asséchés d'une langue qui se meurt. Qui sait, dans les plus de 20 ans dépourvus de mobiles, ce que veut dire "2labal" "kwa 2'9" "semN" "ouvr" à ne pas confondre avec "ouvR". Mais allez, pour ne pas faire vieux jeu, je vous propose d'exercer vos neurones avec ce texte :
3h mat'…. La f'1 me gayTe. 3j, emûRé ds lê WC. JaV bô écout' la FM, person ne tchat sur moa. Lol ! Soud1 ! 1 brui me fè bondir 2 la kuvett dê WC. J rêv ? Le mÛr Cfondra sous 1 AVALanch 2 kou 2 pioch. Le boss m'1tRpèl :
Et ce n'est pas le pire que l'on peut trouver. Celui-ci est même plutôt très façilement intelligible. Mais si vous avez un peu de mal, voici la traduction :
3h du mat'... La faim me guette. Trois jours emmurés dans les wc, j'avais beau écouter la radio, personne ne parlait de moi. Ah ! Ah ! Soudain ! Un bruit me fait bondir de la cuvette des wc. Je rêve ? Le mur s'effondra sous une avalanche de coup de pioche. Le patron m'interpelle : )
Coup de l'économie : 54 caractères !! Quand on sait que les SMS ont en général 150 caractères, on gagne un tiers !!
À noter aussi, que les fables de la Fontaine ont été "traduites" en langage texto. Je trouve ça, pour ma part, un peu aberrant.
Je le confesse, je suis un amoureux de la langue. Plus encore, de ceux qui savent la faire chanter, en révéler toute la beauté, la finesse. Qui en joue, l'apprivoise, et nous en restitue l'âme et leur esprit. Ah, un Sacha Guitry, Alphonse Allais, Raymond Devos et par-dessus tout ces génies, mon cher Pierre Desproges. Je trouve regrettable que l'on puisse maltraiter de la sorte notre langue. Car elle raconte une histoire. Une histoire qui est écrite et qui reste vivante pour qui sait la déchiffrer. Car par l'orthographe perdure les témoignages de notre culture. Plus haut je faisais allusion à nos actuels "^" qui, aujourd'hui remplace des "s" ou des "f", ces lettres que l'on peut retrouver dans des déclinaisons de certains mots. Ainsi "forêt" et "forestière", voilà qui explique enfin cette "étrangeté. Mais c'est aussi le témoin d'une fluctuation, parfois du glissement des pouvoirs. Ainsi "magistrat" et "ministre". De nos jours, lequel des deux à le plus de pouvoir ? Alors que le "magister' évoque bien son rang par rapport au "ministre". Ainsi, par le biais de ces mots, la langue véhicule son histoire, les bouleversements de l'Histoire d'un pays, d'une région. Les alliances. La survivance du sens de certains mots, dans des régions éloignées, jette aujourd'hui une lumière nouvelle. Ainsi, si "chaland" désigne de part et d'autre de l'Atlantique le même individu, "achalandé" n'a plus le même sens que l'on soit en Picardie ou dans les Laurentides. Ce glissement de sens atteste de l'interruption des liens entre la France et la Belle Province a une certaine époque de l'histoire de ces deux pays. Certains, dont je ne suis hélas pas, pourront même dater cette "interruption" et cela permettra de peut-être mieux comprendre une époque ou même les jours actuels. D'autres pourront dévoiler l'origine et les traditions d'époques reculées au travers de mots d'usage communs. Ainsi, pécuniaire du latin "pecunia",argent (dans le sens de monnaie),qui a la même racine "pec" que "pecus",la tête de bétail,les animaux ayant d'abord servi de monnaie d'échange avant l'introduction de l'argent. de même,le germanique "Vieh",bétail,a donné "fee",rémunération en anglais. Voilà pourquoi j'aime notre langue et que j'aime la voir défendue et respectée.
Des esprits chagrins diront que le propre d'une langue est de se renouveler, de s'adapter, d'évoluer. Et certes, si aujourd'hui le français a cette vigueur, c'est aussi grâce aux ajouts qu'il a connu. Des mots aussi courants aujourd'hui que "bled" "toboggan" ou "kiffer" raconte l'histoire, heureuse ou moins mais cela est un autre chapitre, de la période des colonisations, des explorations, des découvertes. Par ailleurs, des experts ont démontré que la façon d'écrire dépendait étroitement du support utilisé : lettre "papier", courriel ou texto. Pour autant, l'orthographe lui y perd à tout coup, et c'est bien par son respect que passe ces éléments de compréhension. Oui, il faut que le français vive et assimile les marques de son temps, mais il est comme ces vieilles masures tombées en ruine : elles ne révélent l'étendue de leur beauté que si elles ont été restaurées avec amour. Cela ne les empêche pas d'avoir été équipées de tous les éléments du confort moderne !
Dernier point. J'ai toujours pensé que la France payait bien mal de retour les efforts pour défendre la culture, la langue et le mode de pensée français revendiqués par des pays noyés dans des océans de langue différente. Je pense à certains pays d'Afrique, aux communautés francophones de Suisse et de Belgique, surtout en Belgique où l'antagonisme entre les deux communautés est parmi les plus virulents que je connaisse. Et bien sûr, je pense également au Québec, et peut-être encore plus à ces minorités francophones de la Colombie Britannique ou de l'Alberta, pour qui vivre en français dans ces provinces reléve du défi presque suicidaire. Ainsi cet employé francophone en Alberta licencié sous prétexte qu'il ne comprenait pas les directives à lui faite en anglais...............alors que dans le même temps, l'entreprise a engagé un interprète pour se faire comprendre de ses ouvriers philippins !
Qu'avons-nous fait pour cette communauté indienne de Louisiane, dépossédée de ses terres, de ses biens, et qui au moment de se voir linguistiquement assimilée s'est rebellée en disant :"vous pouvez prendre nos biens, nos terres, nous interdire nos traditions, mais vous ne pourrez pas nous enlever le français" ?
Tous ces gens là ne méritent-ils pas d'être soutenus, de savoir qu'ils ne sont pas seuls à défendre leur héritage ? Et le premier de ces soutiens n'est-il pas de respecter ce que eux défendent ?