lundi, mai 22, 2006

40 - FÊTE DES PATRIOTES





Aujourd'hui nous sommes le Lundi 22 Mai et c'est jour férié dans presque tout le Canada, mais pas pour les mêmes raisons. Il faut savoir que le Canada est le seul pays, et je devrais m'empresser de préciser le Canada anglophone, à s'entêter à célèbrer la naissance, certes d'un grand chef d'état, mais bon, décédé depuis bien longtemps. Je veux parler de la Reine Victoria. Et oui, même en Grande-Bretagne, ils ont renoncé à cette commémoration. La Reine Victoria, allez, faites un effort de mémoire, c'est celle qui avait de la barbe, qui buvait comme un trou et collectionner toutes sortes de choses, et en particulier les amants. Cela me rappelle un autre personnage féminin, femme d'état et au caractère bien trempé et qui a tiré son pays dans la modernité et le XIX° siècle. Souvenez-vous, nous l'avons vu ensemble......Eh oui, je veux parler de Catherine II. Finalement, avec Elsa Triolet comprise et Charlotte Cordey, nous devons beaucoup aux femmes. C'est sans doute la raison pour laquelle, elles mettent tant d'entrain et de constance à nous dégarnir les bourses.
Mais revenons à ce singulier férié. Donc, pendant que le Canada s'apprête à rendre hommage à une reine lointaine dans le temps et les souvenirs, le Québec lui préfère honorer ses Patriotes. Mais que sont donc ces dits Patriotes, vous dites-vous ? Ou vous seriez bien inspirés de vous poser la question.......que je ne fasse pas tout ce travail pour les beaux poils de ma jument, justement prénomée Victoria, en souvenir d'une souveraine..... et patati et patata. Mais avant de vous dévoiler la vérité historique de ces olibrius, je vais proprement me faire incendier d'içi peu !!, je voudrais signaler que la singularité québecquoise se manifeste ainsi de bien des façons. Les goûts en premier lieu. Si vous voulez savoir ce qui fonctionnera, ce qui sera un hit de vente, au Québec, jetez donc un oeil au reste du Canada et faites exactement le contraire. Pas de doute vous aurez ainsi la clé du succès. Le Canada porte l'odeur de rose aux nues, tout le rebours dans la Belle Province où personne n'en voudrait. Le Canada aime et plébiscite le chocolat au lait, parfait, on se déléctera de chocolat noir et on le tiendra pour le seul vrai chocolat. Le Canada choisit le Rouge, le Québec prendra le Bleu, l'exact contraire. Le Canada se fête le 1° Juillet ? Ce sera donc le 24 Juin pour la Province, et on s'appliquera à déménager au premier Juillet, en stricte application d'une loi anglaise. Mais qu'importe, le prétexte est bon. Cela peut paraitre amusant, et j'avoue que nous n'en avons vu que cet aspect avec Daniel. Mais, à la reflexion, à côtoyer des québecquois chaque jour, on apprend vite que bien loin de fantaisie et d'aimables prétextes à plaisanter, c'est une résistance aussi. Une réaffirmation de sa propre identité, pas forcément un rejet du reste du Canada, mais une demande volontaire, farouche, de reconnaissance. Nous avons reçu une facture de l'opérateur téléphonique, entièrement rédigée en anglais. On ne nous a pas conseillé de ne pas la payer, mais d'exiger que la prochaine soit dans la bonne langue. Il existe un "office" chargé de contrôler la bonne application de la loi québecquoise qui stipule qu'au Québec, le français doit avoir la primauté dans l'affichage. Si le texte anglais s'étale en caractère taille 10, le français doit être imprimé deux fois plus gros. Les textes en anglais ne sont tolérés que sur l'etiquettage des produits en cours d'évaluation. Et il est fortement recommandé de signaler toutes infractions à ce règlement. Et en général, les gens sont vigilants et coopérent. A tel point que nous allons sans doute signaler cette malencontreuse erreur de Bell. Daniel exige systématiquement que l'on s'adresse à lui en français et refuse de répondre en anglais. Mais nous nous sommes bien éloignés des Patriotes.
Au mois de mai 1837, plusieurs assemblées publiques ont eu lieu partout au Québec en réponse à la décision de Londres de rejeter les revendications des Patriotes. Ces derniers réclamaient principalement le contrôle du budget par les élus, l'électivité des ministres et un gouvernement
responsable.
Ces assemblées sont en fait une réponses aux dix résolutions de Sir John Russell, votées à Londres le 6 mars1837, et qui opposent une fin de non recevoir aux trois principales revendications patriotes: non au contrôle du budget par les élus, non à l'électivité des ministres, non au gouvernement responsable. C'est la première réponse en vingt ans aux doléances des Québécois et elle est cinglante. La nouvelle du dictat traverse l'Atlantique comme un ouragan et les assemblées dites anti-coercitives vont s'engager comme un raz-de-marée. Des milliers de personnes vont donc se retrouver à Saint-Ours (Richelieu) dès le dimanche 7 mai pour dénoncer les Résolutions Russell et notamment appeler au boycottage des produits anglais et encourager le peuple à la résistance. Le lundi suivant, le 15 mai 1837, pas moins de trois assemblées se tiennent à Québec, Saint-Marc (Verchères) et surtout à Saint-Laurent (Montréal) où Louis-Joseph Papineau annonce que «La circonstance nouvelle c'est que le parlement britannique prend parti contre nous puisque le gouvernement persécuteur repousse toutes et chacune des réformes demandées. […] Désormais, toutes les colonies anglaises ont les motifs les plus urgents d'avancer l'heure de leur séparation et il faut que nous soyons tôt ou tard prêts à prendre ce que la main de fer du pouvoir veut nous arracher».
En fait, ce mouvement n'est pas seulement une revendication des seuls québecquois francophones. Ramener ces événements à une simple opposition anglo-franco serait une erreur. La répartition des richesses à l'époque, de même que l'antagonisme des intérêts ont sans doute fait beaucoup plus pour creuser le fossé séparant les deux communautés. Des anglais, des irlandais, des français ont participé à ces manifestations. Il s'agissait surtout de soustraire le Canada et le Bas-Canada à l'influence anglaise. Il est à noter que Papineau est allé chercher des soutiens, et notamment en France, en Europe, mais hélas en vain. Ces mêmes démocraties qui revendiquaient pour les autres peuples des libertés qu'elles refusaient à qui venaient les leur réclamer. Finalement, rien ne change avec le temps. Mais, nous n'étions pas seuls français fautifs de soutien, les américains y ont manqué aussi. Pour autant, cette célébration des évenements de 1837-1838 est nouvelle. C'est, je crois, la 4° édition cette année.

Auparavant, et toujours pour remplacer la fête de la Reine Victoria, c'était la fête de Dollard. Rien à voir avec le huard. Dollard des Ormeaux. En 1660, apprenant une invasion prévue des Iroquois, il tente de les repousser. Mais, aprés avoir résisté quelques jours à une vingtaine contre 700 Hurons et Iroquois, ils périssent jusqu'au dernier. Cependant, leur sacrifice a protégé les colonies françaises de Ville Marie, l'ancienne Montréal. A noter que, pour équiper et armer ses recrues, Adam Dollard, sieur des Ormeaux, doit emprunter une somme de 45 livres qu'il promet, dans un billet, de rembourser à son retour. Ce billet est signé "Dollard". Même si la tentation est grande et séduisante d'y voir l'origine du Dollar, je crois bien que celui-ci trouve sa source dans une déformation du Thaler, mais sans toutefois pouvoir l'affirmer.
Si vous souhaitez en savoir davantage, je vous conseille de visiter les sites annexés. Ils sont bien renseignés et très instructifs.