lundi, août 06, 2007

191 - RAS L'ARC-EN-CIEL

Vous me direz : c'est de saison. Que l'on parle au propre ou au figuré et c'est vrai dans les deux cas. Mais ce qui me fait réagir (encore que, je vous l'accorde, il y ait une bonne part de comédie dans cet émeuvement. Je n'y peux rien, c'est ainsi, j 'ai l'âme d'un cabot ! Pis vous aimez bien......rien que pour pouvoir me critiquer en toute quiétude dans un saine et trompeuse attitude zeno-compréhensive ! Pas la peine de vous cacher derrière les autres, c'est de VOUS deux là que je parle. Oui je me comprends !!)
De quoi donc je parle ? Premièrement les fiertés. Non pas que j'y sois opposé. Manquerait plus que ça ! Ce qui me les gonfle gentiment c'est (ainsi qu'on à pu le voir à Montréal ) la gueguerre entre les différentes organisations pour mettre à l'affiche le défilé et donc ramasser les pepettes des annonceurs. Normal me direz-vous. Sans doute, mais dans tout ce joli fatras qui se souvient encore de l'origine de ces défilés ? Qui se souvient des évenements du Stonewall en Juin 1969 ? Qui se rappelle pourquoi les homo se mettent des plumes, des cuissardes et vont minauder sur leurs chars irisés sur des musiques trance ? On va pas réchauffer la même soupe, ok, mais c'est pas parce que ça devient "Nouvelle Cuisine" qu'on doit là aussi ne plus rien avoir dans l'assiette.
Les défilés sont donc, en majorité, devenu LGBTA. Ça se veut tellement intégrant que c'en devient intégriste. Qu'est-ce qui se cache derrière ces lettres hermétiques. Lesbien Gay Bi Transgenre et Autres. Bien. C'est qui les Autres ? Ceux qui aiment les pastèques jaunes, les accro de la patate chaude, les haricophiles et autre pompomanias ? Sans compter que intégrant, intégrant, le milieu gay est sans doute l'un des moins intégrants que je connaisse (ok j'avoue, je n'ai pas encore tout essayé), mais soyez honnêtes : si t'as pas la bonne marque et la bonne coupe de fringue, pas la bonne coupe de cheveu, pas le visage lifté trois fois, pas les bons pecs (on se donne les tours de biceps et de cuisses maintenant, je rêve !) pas le bon âge (pas la peine de savoir compter au-delà de 35 !), pas la bonne shape, pas la bonne profession et pas le bon compte bancaire, pourquoi le Milieu Gay te parlerait-il donc ? Ah ! le fameux ghetto où l'on est si bien. Et tout ça, rien que pour pouvoir PARLER ! Donc pour l'intégration.......reste du travail. Alors le LGBTA................. C'est comme si on voulait faire croire que tout est beau tout est joli tout le monde il est gentil dans le milieu. On nous serine sans cesse les mêmes clichés : ce sont les gay qui lancent les modes, on s'éclate dans les boîtes gays..... Va essayer de trouver quelqu'un qui t'écoute quand tu es un gay dans le trouble parce qu'il s'est fait vider de chez lui, qu'il se retrouve à la rue sans travail et sans amis ni famille. C'est beaucoup moins glamour les troubles, c'est beaucoup moins nécessaire d'être intégrant avec ces personnes là. Et cette grande hypocrisie, j'en ai marre. Assez d'entendre toujours les mêmes idioties. Ok, je suis un idéaliste, incroyablement naïf. Ok, le monde ne changera pas et c'est pas moi qui le fera changer. J'aimerais juste qu'on soit honnête c'est tout, mais même dans le Milieu Gay, il semble que ce soit trop. Trop ou pas assez Glamour. Pour un peu, je virerais ma cutie, tiens ! Bon, j'ai l'air sans doute un peu remonté, mais je reconnais que j'apprécie d'aller PERIODIQUEMENT, dans le village ou le quartier gay de n'importe quelle ville qui se respecte pour aller dans un restaurant. Lorsque nous étions à Nice, nous allions avec Daniel dîner dans un restau gay pour la St Valentin. Tout simplement parce que l'on pouvait s'y bécoter sans encourir un de ces regards désapprobateurs. Les regards je m'en cogne, les phrases les insultes aussi. Mais un soir romantique, j'ai plus envie de me laisser porter par la magie du moment plutôt que de devoir expliquer pourquoi je co----e majestueusement ton attitude austère et vaguement victorienne monsieur et madame qui me regardent en chuchotant. Donc merci au ghetto d'exister, mais ce sont ces travers qui me sont insupportables. Vivre en vase clos n'a jamais été un facteur d'ouverture.
Deuxièmement, j'en ai ras la plume de ces comédies romantiques, ces sorties de placards hollywoodiennes, ces pères fâchés qui retrouvent leurs fils honnis, ces mères effondrées qui pardonnent à leurs filles de n'avoir pas un beau mariage en blanc avec prêtre, traiteur, collerette et tout et tout. Et fatalement, ces comédies à l'eau de rose fleurissent quand dans les cieux estivaux (on dit estivaux ?) les arcs-en-ciel irradient. N'allez pour autant pas croire que je déteste ces sensibleries de mauvais genre. Je suis client, et pas qu'un peu. Sous mes dehors de bûcheron taciturne, je cache une âme de midinette qui ne déteste pas les slings et les chaps (mais non je rigole. Je vous jure ! J'ai même pas de donjon, c'est vous dire...........l'appartement est vraiment trop petit !). Donc, la semaine dernière, j'ai regardé :"Un soupçon de rose" ou "Un goût de rose" (Vous saviez qu'il existait une pratique qui s'appelle "Pétale de rose" moi non. Bon, ça va, on est entre nous, il est tard et les parents sont couchés, alors ....) bref, l'histoire d'un jeune ismaëlien (tendance dure Warf warf warf !!) amoureux et cohabitant avec un jeune torontois (des dépravés ces gens-là, je l'ai toujours dit !) à l'insu de sa maman (qui n'a pas de mal à être "insuitée" puisque vivant à Londres, Angleterre......il y a aussi un London en Ontario) qui désespère un peu de le marier son grand gaillard de fils. Elle profite donc du refus filial d'assister au mariage de son cousin en Angleterre, pour débarquer à Toronto........vous imaginez la suite. Le torontois devient un colocataire et sa soeur, la fiancée que l'on cache à maman au prétexte qu'elle n'est même pas musulmane la pauvre. A la fin,tout le monde se découvre (on reste habillé, je vous ai dit que c'était une comédie sentimentale, pas les souvenirs de Madame Claude !), on se jette dans les bras les uns des autres, on s'aime, la vie est belle, l'avion est blanc et il reste du Perrier au frigidaire. La semaine précédente, c'était une autre niaiserie du même genre, mais là c'était Eric Roberts (le frère de sa soeur), atteint du sida, qui orchestrait sa mort en donnant une soirée à laquelle amis et famille assistaient. L'occasion pour le père de retrouver son fils (juste avant de le reperdre pour de bon cette fois, quelle ironie ! J'vous jure les scénaristes !), la mère de se réconcilier au pêre, à l'ex amant de tenir la main moribonde etc etc. Beau à faire pleurer toutes les madeleines de la terre (c'est mon deuxième prénom, mais mon père m'a toujours fait défense de le reconnaître. C'est la raison pour laquelle, si dans la rue vous m'appelez "Madeleine" je ne vous entendrais même pas. Ou alors c'est que je ferais semblant de me retourner pour voir si vous ravalez votre mot !) Eh bien non. Dans la vraie vie, les jeunes homos se font virer de chez eux à coups de fusil, je le sais, j'ai connu Bruno. D'autres ne voient plus jamais leurs familles (je le sais, il est une personne qui m'a interdit de fréquenter mes deux familles. Heureusement, dans une des familles nous transmettons les gênes de la rebellion, mais pour l'autre, le diktat est si fort, que je ne peux même pas dire à mon cousin "N'aies pas peur, cousin, je ne t'oublierai pas"), d'autres encore se trouvent privés de tout au décès de leur conjoint, même du dernier hommage (je le sais. Une caresse dérobée à la va vite en cachette. Merci à Catherine. Je déteste Poitiers et tous le cons qui s'y trouvent). La vraie vie ça fait mal, et certes tout le monde le sait. Nous avons besoin des ces films de guimauve, improbables de bons sentiments, de retrouvailles et de pardon. Mais sommes-nous vraiment obligés de ne voir que ceux-là ? Et toujours aux mêmes périodes ? Pourquoi ne peut-on pas aussi montrer, une fois de temps en temps, des films plus durs sur les "sorties de placard" (je n'aime pas ce terme, mais quoi trouver d'autre ; "L'annonce", un peu trop publicitaire non ? "La révélation", bonjour Jeanne, "L'aveu"mmmm par où le goulag ?) moins réussies. Parce que ça peut aussi être dur, ça peut être violent et il faut le savoir. Alors, certes, nous homos le savons. C'est bien. Mais il faut que les autres, les familles, les amis, les patrons, les collègues de travail avec qui on partage une bière ou un café le sachent eux aussi que ça demande une bonne dose de courage, que c'est là qu'on attend leur amour et leur amitié. Les films qui ont traité des morts du sida ont fait beaucoup plus pour l'acceptation des homos, que des années de combat. Et vous me direz que voilà une justification suffisante pour le maintien des défilés des fiertés. Et c'est cela même que je dis depuis le début.
Un jeune homosexuel aura plus de 13 fois plus de risques de faire une tentative de suicide.
Un jeune homosexuel sur 4 a fait une tentative de suicide.
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7 Comments:

Blogger Panama The Great said...

Bravo pour ce post si emprunt de dignité et de vérités qui dérangent mais qu'il faut dire.

4:47 a.m.  
Blogger Panama The Great said...

" je cache une âme de midinette qui ne déteste pas les slings et les chaps"

Euh... t'as des picts, Momo ?

4:49 a.m.  
Blogger ARTHE said...

Ouuahh ! J'âdôôôôre faire la Diva outragée, la Jeanne d'Arc de la moralité, la Mère Teresa des backrooms. Euhh pour les photos oui, mais c'est secret......T'achètes combien ?

5:49 p.m.  
Blogger Panama The Great said...

@ arthe : ne blasphème pas ! J'ai fait mon pélerinage, moi.

Pour les picts, j'échange avec moi en aussiebum sortant de la piscine !

3:43 a.m.  
Anonymous Anonyme said...

Mouhahaha, je me gausse.
L'un fait un message d'une longueur... bref je l'ai enfin fini, ou il parle des clichés gays, du genre "les marques, le corps de rêve..." et l'autre qui lui propose un foto sortant de la piscine et mentionnant la marque "Aussiebum".
On reste dans la mentalité gay !!!

Billet avec plein de vérités. Perso, ce qui me gêne le plus, c'est de devoir toujours se controler en public. Etre simplement deux potes qui sont ensemble, vont au restau, dans des magasin, ciné... mais que rien ne lie. Toujours faire attention de ne rien laisser transparaître.
Inversement la question que je me suis toujours posée, inconsciemment, est-ce que ca ne nous arrange pas aussi.

Ha oui, moi je ne donne rien, je paie rien, mais JE VEUX les photos.

2:50 a.m.  
Blogger Panama The Great said...

@ Buel : tiens j'ai eu justement ce genre de conversation avec un hétéro. Je l'ai choqué en lui disant que finalement, le sexe devait rester dans le domaine du privé, parce que savoir avec qui on baise, ça n'est pas ça qui doit nous définir. Bref, hétéro, homo, mais c'est la même chose, pas de différence !

Si tu veux embrasser ton copain en public, fais-le, mais pas n'importe où.

Pour les picts, commence à balancer les tiennes : Momo ne dit que du bien de toi. Et puis la prochaine fois que tu viens à Cannes, passe nous voir !

7:03 a.m.  
Anonymous Anonyme said...

Panama, justement dans le domaine du privé, ok. Mais tu le définis comment le privé ? Et puis privé si tu parles d'une généralité, elle doit etre la même pour homos ou hétéros. Ce qui n'est pas le cas.
Tu le dis toi meme,"embrasse ton cop, mais pas n'importe ou".

Pour les pics, bah tu vois ma tête, elle est dans le mess précédent ;)
Ok, no problème, ma prochaine venu à Cannes, on se boit un café ensemble, avec plaisir.

3:53 p.m.  

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